« Seigneur, pourquoi ? Pourquoi dois-je supporter l’épreuve de la maladie, du deuil, de l’injustice, alors que je te fais confiance ? » Et à l’inverse : « Où est donc ton Dieu ? Si c’est pour vivre aussi misérablement… »
Voici les deux faces d’une même médaille en toc : celle qui consiste à penser que la vie chrétienne devrait être une vie exempte de malheurs et de souffrance.
Rien ne justifie cette croyance.
Car cette assertion n’est conforme :
- ni à l’exhortation biblique à nous charger de notre croix et à nous préparer à la persécution
- ni à l’appel à être - comme chacun - “dans le monde”
- ni à l’expérience, qui ne nous montre aucun cas de chrétien qui aie vécu une vie paisible et heureuse toute sa vie sans la moindre douleur.
Cela n’existe pas plus pour les chrétiens que pour les autres.
Dès lors, tous ceux qui prêchent un Évangile dans lequel les convertis vivront une vie en rose sont tout simplement à côté de la plaque.
En revanche, l’Evangile nous interpelle sur au moins deux points.
D’abord, si les épreuves ne sont pas inexistantes, nous sommes appelés à les traverser avec Dieu. Et cela change fondamentalement l’approche de la vie et de ses difficultés. Car si on ne peut pas éviter le froid et la pluie, on peut décider de les affronter avec des bottes, des vêtements chauds, un imperméable et un parapluie. Et cela fait toute la différence, car, selon l’équipement qui nous accompagne, on ne vit pas la traversée de la même façon et on n’arrive pas à destination dans le même état.
Ensuite, parce que les épreuves ne sont là que pour un temps. Dieu est un Dieu qui donne de l’espoir.
Darja Reichör (prononcer “Daria”) est pasteure et aumônier de prison à Marseille.
Elle témoigne dans son livre autobiographique “La Tempête Passe” des nombreuses épreuves qu’elle a du traverser : l’abus sexuel vécu à l’âge de 9 ans, la tentative de kindnapping sur l’une de ses filles, la mort subite du nourrisson dont elle a été témoin et dont son enfant a miraculeusement survécu, la maladie qui l’a frappé et qui, à dix minutes près, a failli l’emporter à l’âge de 25 ans.
Et pourtant, fille de pasteur, elle avait grandi avec Dieu et voulait lui consacrer sa vie.
Mais les épreuves, les douleurs sont autant de moyens de nous ramener à notre condition humaine. Les chrétiens n’aiment pas Dieu pour qu’il les garde dans du coton. Mais parce qu’ils aiment Dieu, Dieu promet d’être dans la barque avec eux à l’heure de traverser la tempête.
Dès lors, décider d’avancer avec lui est autant un acte spirituel avec des implications dans l’éternité, qu’un acte temporel ayant des conséquences dans le monde terrestre.
Pascal Portoukalian